Vincent en neo495 au Championnat de France VLQI 2013

Communication Classe

2013 05174

Bonjour,

Etant licencié par le biais de l’association Voiles au Large, je vous fais part de mes activités.

Après avoir participé aux événements de la Class Neo495 de 2011 et de 2012, me voila reparti pour de nouvelles aventures pour une saison 2013 à bord du Néo495.

Pour cette première étape de la saison 2013, je réalise finalement mon tout premier rêve de compétition qui était de participer au championnat de France de voiles légères. Celui-ci se déroule pour cette année 2013 sur le lac du Bourget à Aix les Bains.

J’ai pu participer à cette première étape de la saison avec le bateau « Néo Frioul » emprunté à l’association Voiles au Large. Cela me permet de concourir avec fierté sous les couleurs de l’association Voiles au Large mais aussi sous les couleurs de la Class Neo495 pour une première sur le championnat de France de voiles légères.

Pour l’hébergement, on m’a proposé le camping. J’ai trouvé l’idée assez roots et je me suis dit pourquoi pas.

Pour cet événement, 2 neo495 sont au rendez-vous avec un équipage composé de Kévin et Maria, ainsi que le duo de choc Alain et moi-même. Je suis toujours très ennuyé par l’absence de préparation et d’entraînements. En effet je n’ai eu malheureusement l’occasion de naviguer qu’une seule fois depuis le début l’année. Pour une préparation d’un championnat de France je trouve ça un peu light mais tant pis, il faut foncer.

Mardi 7 mai 2013, départ de Marseille en direction de Lunel pour retrouver la famille INZELRAC et participer à la préparation des bateaux. Mon côté désorganisé du moment a fait que j’avais complètement zappé de me procurer un certificat médical justifiant que j’étais apte à la pratique de la voile en compétition. Ça commençait mal. Je me suis demandé comme j’allais trouver un médecin mais surtout le convaincre de signer ce certif.  Grâce à la famille INZELRAC j’ai pu avoir un rendez-vous dans la journée chez un médecin qui a signé mon certificat médical sans problème. Nous avons terminé la préparation en fin de journée, les 2 Néo495 le « Neo Frioul » et le « Geronimo » chargés sur la remorque. Puis nous avons passé la soirée à réviser les règles de course ce qui ne m’a pas fait de mal, je l’avoue.

Alors règle n°10 : Quand des bateaux sont sur des bords opposés, un bateau bâbord amures doit se maintenir à l’écart d’un bateau tribord amures,

règle n°11 : Quand des bateaux sont sur le même bord et engagés, un bateau au vent doit se maintenir à l’écart d’un bateau sous le vent,

règle n°12 : Quand des bateaux sont sur le même bord et non engagés, un bateau en route libre derrière doit se maintenir à l’écart d’un bateau en route libre devant… je me suis endormi en espérant tout retenir et sait-on jamais j’aurai peut être l’occasion de briller « tribord !!! ».

Mercredi 8 mai 2013, 6h du matin, les yeux encore collés pour ma part, nous voila sur le départ, cap sur le lac du Bourget. Nous sommes arrivés sur les coups de 10h sur la base nautique d’Aix les Bains. Un défilé de bateaux à voiles, dériveurs, quillards, s’offrait à nous mais pas le temps de rêvasser, le premier départ était fixé à 14h. En attendant la mise à l’eau, on a déchargé le matériel ; les mâts, les bômes, les voiles ont été tamponnés pour conformité à la jauge, les barres de flèche ont été établies aux mâts,… Acheminé à l’eau nous avons poursuivi la préparation des bateaux puis nous les avons gréés. Après un court briefing indiquant principalement le lieu du parcours des voiles légères et celui des quillards ainsi que le type de parcours, l’heure de se mettre à l’eau était arrivée. Nous héritions d’un parcours olympique, une bouée sous vent, une bouée au vent et une bouée de dégagement ce qui fait une remontée au vent, 2 bords de large, une autre remontée au vent pour finir par une redescente vent arrière. Sur le plan d’eau, nous avions une vue magnifique sur les montagnes, sur les cols enneigés au loin, mais surtout nous découvrions nos rivaux, 9 Tempest, un Open 5.70, une Aile, un Dragon, un Vent d’Ouest, un Star, 2 Class 2M, un Maraudeur et bien sur le 2nd Néo495. Une flotte de 19 quillards tournait autour du bateau comité impatiente d’en découdre. Les autres voiliers paraissaient immenses par rapport au nôtre mais nous n’entendions pas nous laisser impressionner. Sur cette première sortie, le vent restait encore timide. Nous avons profité de l’attente du départ pour revoir le rôle de chacun sur le bateau. A peine les rôles distribués, le premier signal de la procédure de départ était donné. Nous avions maintenant 5 minutes pour trouver la bonne stratégie pour partir en tête. Nous avons longé la ligne de départ entre le bateau comité et le bateau viseur, plusieurs fois de suite jusqu’à décider de partir tribord amure, proche du bateau comité. PAM !!, le pavillon de série descendait, le départ était lancé. Les voiles toutes bordées, c’était parti pour un bord de près. Par chance le vent adonnait, nous remontions méchamment. La majorité des autres voiliers avait opté pour un près bâbord amure. Au vu de la situation, nous gagnions du terrain. Malgré cet avantage, les autres quillards étaient quand même plus puissants et nous passions la bouée au vent dans les derniers. Qu’à cela ne tienne, nous n’avons rien lâché. Une redescente par 2 bords de largue pour passer la bouée au vent suivie d’une remontée au vent pas trop mal. Nous avons malgré tout passé la ligne d’arrivée en queue de flotte. De retour à terre, je pensais que nous étions dans les derniers au classement mais grâce au rating (temps compensatoire par rapport aux autres bateaux dépendant des caractéristiques du bateau) nous avons été classés 8ème pour cette première manche. Surpris et assez satisfait de cette première performance, nous avons poursuivi la soirée au camping à discuter des améliorations de réglages que l’on pouvait apporter au bateau, tout ça autour d’une bonne bière.

Jeudi 9 mai 2013, 2nd journée du championnat de France de voiles légères, nous sommes arrivés sur les coups de 9h sur la base nautique d’Aix les Bains. Ce matin-là le vent ne s’était pas réveillé, du coup pétole. On nous a annoncé lors d’un court briefing, qu’on devait se tenir prêt et dès que les conditions seraient plus favorables, un départ serait lancé. Nous avons attendu un petit moment en réglant quelques petits détails sur le bateau (dont l’ajout de 2 petites poulies aux extrémités du rail du foc avec un bout relié au point d’écoute du foc permettant de tirer le point d’écoute pour une meilleure prise au vent). L’envie d’aller naviguer était trop forte. Nous voila partis, les 2 Néo495, sur les flots à la chasse aux risées. Peu de temps après, les autres quillards nous ont rejoints. Les échanges entre nous restaient très timides. Chacun s’observait à la quête du réglage parfait. Personnellement je n’en suis pas à observer les réglages des autres mais plutôt à tenter de parfaire ceux de mon bateau. PAM !! un signal sonore retentit, c’était la procédure de départ qui était lancée. Concentrés à optimiser des réglages, nous n’avions pas remarqué la distance prise entre le bateau comité et nous. Ni une ni deux, nous faisions demi-tour, cap sur la ligne de départ. Le temps de la rejoindre, le départ était lancé et la ligne s’est fermée sous notre nez. Nous ne pouvions plus participer à la manche. 2 autres bateaux étaient dans la même situation que nous, condamnés à regarder les autres s’amuser. Cette erreur idiote nous a coûté d’être DNS sur cette première manche. Pour la procédure de départ suivante nous sommes restés proche du bateau comité. A moins d’une minute du départ nous trouvions notre place, en première ligne à fleur de la ligne de départ les voiles faseyantes. Juste le temps de border les voiles, PAM !! le départ était donné. Alain a jeté un regard au bateau comité pour valider le fait que l’on n’ait pas mordu la ligne. Le mec du bateau comité a eu l’air de confirmer. Au même moment, les voiles toute bordées, nous prenions un beau départ tribord amure. Cependant 10 secondes après, j’entendais le viseur citer dans son talkie-walkie le numéro 22, le numéro de notre voile. Je regarde vers le bateau comité attendant que le pavillon X soit hissé, signifiant un rappel individuel. Aucun pavillon X en vue, nous poursuivions notre route. Le vent adonnant, nous faisions cap directement sur la bouée au vent gagnant un peu de distance sur les autres bateaux. Nous passions la bouée au vent dans le milieu de la flotte. A peine la bouée passée que nous hissions le spinnaker pour faire un cap vent arrière, plein cul. Les autres quillards optaient pour des allures de grand large. Malgré notre optimisation du cap, la stratégie et la puissance des spinnakers des autres voiliers faisaient la différence et ils passaient devant nous à la bouée sous le vent. Le 2nd tour se déroulait de la même façon avec un petit gain lors de la remontée au vent que l’on reperdait sur la redescente mais, au final, je n’étais  pas mécontent car nous avions tenu bon. Lors du franchissement de la ligne d’arrivée nous découvrions « OCS 022 » sur le tableau du bateau comité. Et ouais ! Nous avions bien mordu la ligne, d’après le jury, mais sans en être avertis. Nous étions déçus mais bon, ce n’était pas le moment de se relâcher, une 3ème manche était à jouer. PAM !!, le pavillon de série est hissé, c’était reparti pour 5 minutes de procédure. Après avoir fait quelques ronds autour du bateau comité, nous tentions cette fois-ci une position légèrement en retrait de la ligne pour partir lancé. A 15 secondes du départ nous bordions nos voiles pour prendre de la vitesse. PAM !! Le départ était lancé et nous passions la ligne tribord amure. Nous calions le bateau sur son rail, le gouvernail au centre, jouant simplement avec les voiles, principalement avec le hale-bas. Le système de poulie avec un bout tirant le point d’écoute du foc pour une meilleure prise au vent faisait son petit effet. Une fois de plus le vent adonnait et nous remontions fortement vers la bouée au vent. Les redescentes au vent s’affinaient de plus en plus mais la taille des spinnakers des autres concurrents faisait la différence malgré tout. Nous avons fini 12ème sur cette 3ème manche et ce n’était pas trop mal. De retour à terre il aurait été bon de porter réclamation pour le fait de ne pas être avertis par le pavillon X lors de la 2nd manche mais je n’ai pas encore ces reflexes de compétiteurs. De plus nous apprenions que 3 points de pénalité nous étaient refourgués pour avoir oublié d’émarger la veille. Du coup pour cette 1ère manche de mercredi, nous sommes passés de 8ème à 11ème. Il est vrai qu’il faut émarger (signer un document) avant et après chaque sortie, je venais de l’apprendre. Le classement a pris une petite claque avec tout ça. Sur ces bonnes nouvelles, nous nous sommes retrouvés au camping pour débriefer de cette journée et des erreurs que nous avons pu faire durant ces 2 premiers jours mais surtout pour ouvrir une bonne bière bien méritée. La pluie a pointé le bout de son nez. Nous avons trouvé une 2nd utilité aux voiles, le foc tendu entre le camion et la tente nous servait d’abri. Néanmoins au moment de rentrer sous ma tente, j’étais trempé jusqu’aux os. J’ai vite compris que le camping sous la pluie ce n’était pas le pied.

 

Vendredi 10 mai 2013, 8h17 réveil sous le doux son de la pluie tombant sur la tente. Je me suis très vite aperçu que la toile extérieure collait la toile intérieure. Par conséquent, l’eau s’était carrément invitée sous la tente, mouillant certaines affaires et formant des petites flaques d’eau au sol. Peu importe, une nouvelle journée du championnat commençait et fallait assurer. Nous nous sommes préparés et avons rejoint la base nautique. Arrivé sur le ponton, à mon grand plaisir, j’ai constaté que le vent s’était bien levé (15 bon nœuds), et que la pluie s’était calmée. Après un court briefing, nous avons gréé le bateau et rejoint le plan d’eau sur les coups de 11h. Jusqu’à présent j’avais eu du mal à prendre mes marques sur le bateau, j’ai donc décidé de reprendre les choses en main. En accord avec Alain, j’ai pris officiellement le rôle de barreur. Quitte à être à l’écoute de mon équipier et d’accepter ses reproches, de sitôt je ne lâcherai plus cette barre. Sur l’eau, un parcours banane avait été posé et le 1er départ a été lancé. Pendant la procédure de départ nous avons cherché à nous caler dans l’alignement des 2 bouées (bouée sous le vent, bouée au vent) pour déterminer le bord le plus favorable. Nous décidions de partir tribord amure. Sur la ligne, les croisements entre bateau devenaient assez chauds au vue des 15 nœuds établis, notre attention était permanente. PAM !! le départ est donné, les voiliers partaient comme des fusées. Notre départ n’était pas trop mal mais l’écart avec la flotte grandissait à chaque seconde. Seul le Maraudeur restait à peu près à notre niveau, l’Open 5.70 aussi mais de plus loin. Nous avons opté pour un long bord tribord amure puis un long bord bâbord amure pour limiter les virements. Cependant compte tenu du décalage entre la flotte et notre bateau, nous nous retrouvions à devoir franchir la route de la flotte qui après avoir passé la bouée au vent, redescendait sous spi. Sur cette 1ère manche, n’étant pas prioritaires, nous n’avons pas pu éviter le double virement de bord pour passer entre les bateaux. Arrivés à la bouée au vent que le maraudeur venait tout juste de la contourner, nous avons pris un peu de marge pour ne pas la toucher lors de notre passage. Les courants venant de je ne sais d’où, restaient traitre sur le lac. Timides sur cette première manche nous n’avons pas hissé le spi et sommes redescendu en papillon (foc d’un coté, grand voile de l’autre). Pour le coup c’était au tour de la flotte de croiser notre route, prioritaire, nous restions concentrés sur l’optimisation de notre cap. Après avoir contourné la bouée sous le vent nous remontions bâbord amure pour un 2nd tour afin d’éviter de croiser le chemin de la flotte. Cependant ce bord n’était pas favorable, le vent refusait, nous obligeant rapidement à virer de bord. De ce fait nous sommes passés par 4 bords pour atteindre la bouée au vent. Le papillon était de rigueur pour la redescente. Nous avons été classés 16ème sur cette 1ère manche. Pour la 2nd manche, nous sommes repartis tribord amure avec un beau départ dans les temps. Sur la remontée au vent, la flotte nous a rapidement devancés. La 1ère manche nous a finalement pas servi de leçon et après un virement de bord passant bâbord amure, nous nous retrouvions une fois de plus à devoir traverser la route de  la flotte qui redescendait sous spi. Sur cette 2nd manche, la chance était avec nous et on est passé entre tous les bateaux sans devoir virer de bord. Arrivés vers la bouée au vent, le maraudeur qui nous devançait, nous a fait un tribord nous obligeant à virer de bord (tribord amure). Etant sous la bouée au vent, nous avons du attendre qu’il passe pour refaire un virement passant bâbord amure afin de remonter au dessus de la bouée au vent pour la contourner. Pour la redescente, nous étions cette fois-ci moins frileux, le spi était de rigueur avec un cap direct sur la bouée sous vent. La flotte qui remontait, a recroisé notre route. Ils sont passés à tribord, à bâbord. Prioritaires, nous restions de marbre. La bouée sous le vent passée, le 2nd tour s’apparentait à une course poursuite au maraudeur. Malgré notre acharnement, celui-ci a passé la ligne d’arrivée bien devant nous. Sur cette 2nd manche nous avons été classés 13ème. Sur le 3ème départ, nous sommes partis tribord amure pour passer rapidement bâbord amure sous la flotte partie, elle, tribord amure. Nous ne sommes pas restés longtemps sur ce bord car le vent refusait. Ni une ni deux, nous passions tribord amure. Le vent adonnait et nous faisions cap directement sur la bouée au vent jusqu’à un retournement de situation très surprenant où tout d’un coup le vent refusait. Nous repassions donc bâbord amure. Ce petit jeu avec le vent a duré jusqu’à la bouée. Tous les concurrents étaient logés à la même enseigne. La suite de la manche s’est bien déroulée avec des redescente au spinnaker, vent plein cul et une 2nd remontée avec moins de perturbations. Un seul hic, lors du dernier passage de la bouée sous le vent, le spi n’ayant pas été affalé assez tôt, le bateau est parti au tas. Je n’ai pas su le redresser et nous sommes passés à bâbord de la bouée. Ça m’a valu une petite engueulade, normal, quelques secondes précieuses s’étaient échappées. Sans toucher la bouée, nous sommes repartis franchir la ligne d’arrivée. Classés 13ème pour cette manche. Pour la 4ème manche, nous étions rodés, le parcours n’avait plus de secrets pour nous. Notre stratégie se déroulait à la perfection. Nous restions attentifs aux caprices du vent réagissant en conséquence. Sur chaque bord nous recherchions l’harmonie avec les éléments par un réglage optimisé. Nous finissions 10ème, c’était la dernière manche de la journée. La soirée s’est poursuivie dans une ambiance chaleureuse et conviviale par le traditionnel repas des équipiers accompagné d’un petit concert.

 

Samedi 11 mai 2013, 8h30 réveil difficile après une chouette soirée. Par veine la pluie avait cessé. C’était reparti pour une nouvelle journée, nous nous sommes préparés et avons rejoint la base nautique. Lors du briefing, on nous a informés qu’une manche similaire aux précédentes serait lancée et suivie d’un raid où l’ensemble des participants au championnat, voiles légères et quillards, était convié. Après avoir gréé le bateau, nous voilà de retour sur le plan d’eau avec les 18 autres navires, à tourner autour du bateau comité, impatients. Un vent léger soufflait. Dès que le parcours banane a été mis en place, c’était reparti pour une nouvelle procédure de départ. A moins d’une minute du départ, nous nous sommes placés sur la ligne, voiles faseyantes, gardant une distance de sécurité pour ne pas la mordre. A quelques secondes du départ, nous avons bordé les voiles pour finalement prendre un beau départ tribord amure. Sur un près serré, nous avons calé la barre au centre et jouions avec les voiles par le biais, principalement, du hale-bas. Dès que le vent faiblissait, je reprenais la barre et m’écartais du vent pour à tout prix garder de la vitesse. Le virement de bord décidé à milieu de parcours, glissait sans perte de vitesse. Bâbord amure, le Néo Frioul filait à toute allure. Passant la bouée au vent dans le milieu de la flotte, j’étais assez content pour ma part. Toutefois il ne fallait rien lâcher. Sur la redescente, il n’y avait pas photo, malgré notre hargne à améliorer notre cap les autres voiliers avançaient mieux. Même le maraudeur nous passait devant juste au moment du franchissement de la bouée sous le vent. Nous reprenions les choses en main sur la remontée au vent juste en queue de la flotte, derrière le maraudeur. Les 2 bords optimisés, nous arrivions à la bouée au vent toujours dans son sillage. Il prit une marge de sécurité pour passer la bouée au vent. Juste derrière lui, nous décidions de virer avant, du coup avec moins de marge, dans l’idée de lui passer devant. Black out du vent ! Nous dérivions plus que nous n’avancions. Echec, nous rations finalement la bouée au vent alors que le maraudeur, lui, la passait. Nous avions été trop gourmands sur cette tentative. Après un bord bâbord et un autre tribord nous passions cette fameuse bouée au vent pour redescendre au spi et venir franchir la ligne d’arrivée, bien derrière le maraudeur. Nous finissions 13ème sur cette manche. Lors du passage à coté du bateau comité, le jury nous suggérait de suivre les autres pour rejoindre le parcours du raid. Arrivés sur ce nouveau parcours, nous nous retrouvions dans un trafic complètement anarchique de bateaux à voiles où la prise de distance de sécurité restait le seul remède pour éviter toute complication. A ce même moment nous observions comme une coulée de nuages descendre de la montagne, ce n’était pas bon signe. Très vite le vent a forci. Nous hésitions à prendre un ris mais trop tard, PAM ! la procédure de départ était lancée. Tous les bateaux étaient maintenant rassemblés sur la ligne de départ. Garder une distance de sécurité n’était plus possible. C’était les règles de priorité qui prenaient le relais dans une situation de « chacun pour soi ». Ça braillait des « tribord !!! » à tout va. Sans pitié pour le matériel, certains s’entrechoquaient même. Il était hors de question pour nous de faire des dégâts sur le Néo. La tension était palpable sur le bateau. Il fallait être réactif et coordonné car je ne pouvais pas barrer sans qu’Alain ne relâche un minimum les voiles. Il ne fallait pas non plus trop relâcher les voiles pour rester manœuvrable. Par prudence, nous sommes finalement restés légèrement en retrait. PAM !! Le fanion de série descendait, le départ était lancé. Tous les bateaux prenant le départ, nous partions en queue de flotte sur un bord de bâbord amure pas très rassurant. Nous sommes vite passés tribord amure. Au loin, un beau bordel naval s’amassait à la bout au vent. Certains se touchaient même, d’autres effleuraient la bouée, devant réparer (faire un tour sur soi-même pour pénalité). Nous nous sommes glissés dans la masse de queue de flotte pour passer la bouée au vent. Pour redescendre vers la ligne de départ, nous avons hissé le spi. L’autre Néo était juste derrière nous naviguant simplement avec le foc et la grand voile. Nous nous rendions bien compte que le spi ne nous faisait pas gagner grand-chose car nous ne prenions pas de distance sur lui. Après le passage pour  la 2nd fois de la ligne de départ (faisant partie du parcours) nous  repartions vers une bouée de dégagement située à tribord sous une allure de grand large. Nous gardions le spi jusqu’à ce que le vent tourne. Sans changer de direction nous passions du grand large à une allure de près. Le spinacker n’était plus de rigueur, nous l’avons donc affalé. Juste avant la bouée de dégagement, un dériveur était planté sur notre trajectoire. Comme il n’avait pas décidé de bouger, il a fallu le contourner, quittant légèrement notre cap. Après avoir franchi cette bouée de dégagement sans difficulté, nous sommes partis pour un long bord de travers vers une autre bouée de dégagement. J’avoue qu’il ne restait pas grand monde derrière nous à ce moment là. L’autre Néo nous était passé devant suite au piège du dériveur. Nous tentions d’optimiser au maximum notre cap. Une autre bouée de dégagement se présentait. Nous la passions pour remonter vers la ligne de départ et la franchir une 3ème fois. Les stratégies de chacun étant diverses, la flotte de bateaux était bien éparpillée. Certains remontaient vers le centre du lac, d’autres jouaient la carte côtière en passant près des terres. Le vent n’était pas le même partout. Notre choix stratégique n’était pas trop mauvais. Nous repassions la ligne de départ pour remonter vers la bouée au vent. On s’est laissé un peu de marge pour la passer sans risquer de la toucher ou de la rater. Celle-ci passée, nous sommes redescendus au spinacker, plein balle, vers la ligne d’arrivée avec 2 départs au tas, récupérés. Nous avons été classés 11ème sur ce raid. De retour à quai, nous étions bien épuisés mais pas mécontents de cette étape qui restait très enrichissante au regard du nombre de bateaux qui y participaient. A terre, les échanges entre équipages devenaient moins timides, très sympathiques. Content de discuter avec des navigateurs qui ne blaguent pas sur l’eau. Cette journée s’est achevée au camping devant une bonne salade de riz made in Alain, à la bonne franquette.

 

Dimanche 12 mai 2013, dernière journée du championnat de France de voiles légères. Après avoir rangé quelques affaires, nous sommes arrivés sur les coups de 9h pour notre ultime sortie sur le lac du Bourget. Nous avons gréé le bateau et avons filé sur l’eau. Sur le plan d’eau, le climat entre les équipages était bien plus détendu qu’au début. Nous discutions tranquillement avec nos rivaux. Nous nous sommes aperçus un peu tard que j’avais zappé l’émargement, une fois de plus. J’y suis retourné vitesse grand V en bateau sécurité. Les organisateurs ont mis un certain temps avant de lancer une manche car le vent tournait constamment et la disposition du parcours en dépendait. Le parcours banane mis en place, une procédure de départ a été lancée. L’idée ce jour-là était de naviguer en flotte serrée avec le 2nd Néo tel un escadron. Pour moi cette idée restait très théorique et demandait un réel entrainement. Cela s’est bien ressenti au moment de la minute de départ, les 2 Néos n’étaient déjà plus soudés. Bref, à moins d’une minute du départ, nous étions à fleur de la ligne de départ, les voiles faseyantes. A 5 secondes, on bordait les voiles au taquet. PAM !! le départ est donné, nous partions pleine balle, tribord amure, le Star à notre droite qui nous prenait le vent avec ses voiles immenses. On résistait difficilement. PIM !! Signal de rappel général, faux départ, tous les bateaux sont priés de regagner la ligne de départ. Bien dommage car notre départ était mortel combat. Une nouvelle procédure de départ est lancée. Nous retentions la stratégie escadron. A moins d’une minute du départ le 2nd Néo n’était à nouveau plus à nos côtés. De toute façon, je n’y croyais pas à cette stratégie. On s’est positionné légèrement en retrait, dégagé des autres navires attroupés à côté du bateau comité. A 30 secondes du départ, on bordait les voiles progressivement pour venir passer la ligne pile poil au signal. Ce départ était encore plus mortel combat que le précédent, presque en tête de la flotte. PIM !! Signal de rappel général, à nouveau un faux départ, tous les bateaux sont à nouveau priés de regagner la ligne de départ. Là, nous commencions à être fâchés et nous n’étions pas les seuls. Ça râlait sur les autres bateaux. Jamais 2 sans 3, on dit. Une 3ème procédure de départ est lancée. Nous abandonnions cette stratégie d’escadron et options pour celle de « chacun pour sa gueule ». On se recale légèrement en retrait, le Dragon à tribord, un Tempest à bâbord. Ce n’est jamais bon signe d’être pris en sandwich mais trop tard nous étions dans la minute de départ. A 10 secondes du départ, on bordait les voiles au taquet. Nous étions dans les premiers à passer la ligne mais le dragon nous a vite rattrapés, se calant juste devant. On a tout d’un coup perdu toute notre vitesse, le dragon nous enfumait (normal pour un dragon). Nous n’avions plus qu’à virer de bord pour quitter cette situation. La manœuvre à peine terminée, le vent nous jouait un tour de cochon. Il tombait et, avec notre réglage au près, nous faisions étrangement cap vers la ligne de départ alors que la  flotte filait tranquillement vers la bouée au vent. De quoi rendre l’équipage complètement fou. Il nous fallait impérativement reprendre de la vitesse pour quitter ce bord. Le vent n’avait pas décidé de nous donner un coup de pouce. Nous réussissions finalement à virer bien que mal. Nous tentions d’avancer vers la bouée au vent alors que le vent refusait d’être dans nos voiles. Arrivant à proximité de la bouée au vent, bien décalés sur tribord mais on faisait ce qu’on pouvait, un Class 2M nous prenait un tour. La flotte suivait. C’était comme si nous étions enfermés dans une bulle filtrant le vent et scotchés, nous devenions spectateur de la manche. Par contre le courant, lui, faisait son boulot en nous rabattant sous la bouée au vent. Avec beaucoup de difficultés nous passions cette bouée et redescendions vers la bouée sous le vent. Alors que la flotte faisait route vers la ligne d’arrivée, nous avions encore un tour à faire. La descente vers la bouée sous le vent n’avait plus de sens, la direction du vent changeait constamment. Les penons accrochés aux haubans enchaînaient les 360 degrés. A ce moment là mon rôle consistait à faire un cap vers l’objectif, la bouée. Celui d’Alain était de re-régler continuellement les voiles pour accompagner la direction du vent. De cette façon nous effectuions notre 2nd tour, bien seuls sur le parcours. Nous devions absolument franchir la ligne d’arrivée avant sa fermeture. Du coup, nous avons tout donné jusqu’au bout. Nous avons passé la ligne et étions classés 17ème. J’étais bien content de retrouver le quai. Cette dernière manche du championnat de France de voiles légères demeurerait particulière avec l’envie de dire « Attends j’reviendrais !! ». Il était l’heure de tout replier, dégréer, démâter, sortir les bateaux pour les remettre sur la remorque et ranger tout le matériel. Après avoir assisté à la remise des prix, nous quittions le lac du Bourget, la base nautique d’Aix les bains en direction du sud. Dans la foulée j’ai regagné mon chez moi à Marseille plein d’images en tête.

Les conditions du lac restent encore pour moi un grand mystère. De nature très cartésienne et habitué à des conditions plutôt stables, notamment sur la direction du vent, les situations rencontrées sur le lac ont été pour moi des plus déroutantes. Même après avoir navigué par plusieurs occasions sur le lac Léman, j’ai rarement ressenti un vent aussi moqueur. Je comprends pourquoi on dit que les navigateurs sur lac sont de très bons marins. Mais je n’ai pas dit mon dernier mot.

Encore une sacrée aventure à voiles ce championnat pour moi et le Néo Frioul. Au fond je suis très heureux d’avoir pu être là, présent sur la ligne de départ de chacune des manches. Mais aussi d’être présent histoire de montrer que ce type d’événement exclusivement valide peut très bien accueillir des personnes handicapées sans difficultés particulières. Il est vrai que certains handicaps peuvent requérir de besoin matériel à quai mais sur l’eau on est tout simplement des marins et c’est l’essentiel.

Pour conclure, on a peut être pas brillé mais on était là.

Un grand merci à tous ceux qui m’ont permis de vivre cette aventure…

Vincent.