Vincent en Neo495, à la régate RYA Sailability Multiclass 2012

Communication Classe

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Cette nouvelle aventure avait pour objectif de participer à la régate RYA Sailability Multiclass 2012 qui se déroulait au Ruland Sailing Club (club nautique de Rutland) en Angleterre. Le RYA est un organisme national dont les nombreuses actions tournent autour de la navigation. L’une de ces activités consiste à rendre la navigation accessible aux personnes atteintes d’un handicap en regroupant différents supports adaptés et les moyens humains nécessaires (solidarité et bénévolat). Pour la Class Neo495 c’est la 2nd fois que le bateau est accueilli à cet événement. Sa présence a aussi comme objectif de soutenir l’image et les avantages du Neo495.

Pour cet événement, je n’ai pas emprunté de bateau à l’association Voiles au Large bien que j’en avais la possibilité. Cette décision a été choisie pour des raisons de simplification logistique et du fait qu’une place m’était disponible dans un bateau déjà présent sur le site en Angleterre. Ce choix a été pris avec Sébastien de l’association Voiles au Large et Alain INZELRAC.

Mardi 17 juillet 2012, 6h30, le réveil sonne comme un début d’aventure. J’ai pris le train de Marseille à Lunel pour retrouver la famille INZELRAC. Nous avons pris la route vers 12h00 en direction de Calais. Arrivés à Calais après 1100 km et 12h de route, une petite halte sieste s’est imposée en attendant de prendre le ferry pour Douvres (Angleterre). Pendant les 1h30 de traversée en ferry, j’ai passé un certain temps à chercher un moyen d’aller sur le pont pour observer l’horizon et la mer. Finalement j’ai fini par m’endormir dans un de ces nombreux sofas d’un style assez kitchs, dédiés aux siestes. De retour sur la terre ferme à Douvres, nous voila repartis sur la route pour 280km en mode conduite à l’anglaise. Finalement, après avoir traversé Londres et aperçu les préparatifs des Jeux Olympiques, une aire de repos nous a fait de l’œil pour une nouvelle sieste.

Mercredi 18 juillet 2012,8h30, après un réveil difficile, nous sommes repartis sur la route pour finalement arriver à Rutland sur les coups de 10h30. Nous avons retrouvé nos amis suisses au club nautique de Rutland. J’ai découvert un club nautique équipé d’un nombre de supports accessibles comme je n’en avais jamais vus, des access dinghy, des 2.4MR, skud 18, des challengers et un neo495, le Geronimo qui nous attendait bien sagement. Après une pause papotage, nous nous sommes mis tranquillement à préparer la mise à l’eau des bateaux (descente des bateaux avec leurs conformateurs de la remorque, installation du mat,…). En guise de bienvenue, il s’est mis à tomber des cordes. Pendant la préparation des bateaux, une team de navigateurs 2.4MR s’afférait à partir en entraînement tel Jean-Marc Barr dans le Grand Bleu, immergé dans sa bulle de concentration avant de plonger dans le lac gelé d’Alaska. Je les ai observés naviguant en flotte serrée. Revenons à nos moutons, les 3 neos ont étés mis à l’eau. Nous avons fixé le tableau de bord, la baume, mis en place les différents bouts. Nous avons procédé à une première étape de réglage du bateau. L’assiette (longitudinale) du bateau est dépendante du poids de l’équipage et de l’inclinaison du mât. Selon le poids de notre équipage, nous avons incliné légèrement le mât vers l’avant (moins que d’habitude) par l’intermédiaire des haubans principaux et des bas haubans. Les bas haubans doivent être, dans tous les cas, moins tendus que les haubans principaux. Nous avons décidé de disposer un système nous permettant d’étarquer ou de relaxer le guindant du foc. Nous avons utilisé un système 3 brins avec une poulie triple et un taquet coinceur. Ce système nous permettra d’étarquer le guindant du foc à bloc lorsque l’on sera au près et de le relâcher au vent arrière. On s’est arrêté là pour cette première journée. Celle-ci s’est poursuivie par une halte dans un pub pour une bonne bière, un bon steak frites dans un échange franco-suisse-anglais.

Jeudi 19 juillet 2012, après une bonne nuit de sommeil au cottage loué pour l’occasion, nous sommes arrivés sur les coups de 9h30 au club nautique. A peine réveillé pour ma part, nous nous sommes installés dans les locaux du club pour un breakfast à l’anglaise. Celui-ci était composé de bacon, œuf, pain, flageolet,… un repas bien consistant pour un estomac au réveil. A ce moment là j’ai trouvé bizarre qu’il y ait autant de personnes âgées présentes. On m’a expliqué rapidement les raisons. Le jeudi est une journée particulière au club nautique de Rutland, c’est la journée de la « salibility ». Cette journée donne clairement l’image des convictions de la RYA concernant la solidarité vis-à-vis des personnes à mobilité réduite. Pour l’occasion le neo495 a été monopolisé pour des essais, je n’ai donc pas pu m’entraîner pour ce début de journée. Grâce à Monique j’ai eu la possibilité d’essayer d’autres supports. Moi j’étais chaud bouillant (très motivé) pour monter dans un challenger, un accès, l’ARTEMIS, un 2.4MR carrément. Pour mon premier test, on m’a présenté un mec, Mob, qui devait monter avec moi dans un Windrider. Avant d’embarquer, on a essayé d’échanger un peu, j’ai tenté de lui faire comprendre que j’avais l’habitude de naviguer. Il m’a fait faire bouger mes bras puis mes jambes, pour contrôler ma motricité, j’ai supposé. Je pensais que nous allions nous répartir les rôles sur le bateau comme un équipage mais j’ai vite compris qu’il était là juste pour m’aider au cas où. Au cas où quoi, je ne sais pas. Je n’ai pas l’habitude d’avoir à mes côtés un mec « au cas ou », qui dit rien, qui attend sagement la fin de la session. Pour revenir au test du bateau, la navigation avec un Windrider ressemble fortement à la navigation avec le Windkart que j’ai pratiqué pendant 2 ans. Pour le coup c’est un trimaran, un peu lourd à mon goût, avec juste une grande voile (cependant ce bateau est performant au vu des vidéos du net). Sur ce bateau, le safran se dirige avec les pieds. Dans des conditions de vent léger, l’option marche arrière est à prendre en compte dans les virements de bord, surtout s’il y a de la houle. Bien que Mod ne s’oppose pas à ce que je fasse des ronds dans l’eau sans fin, nous sommes finalement rentrés pour le lunch. L’après-midi j’aurais bien testé un autre support mais je me suis heurté à la barrière de la langue et je n’ai pas réussi à bouleverser un planning de navigation déjà fixé. Vers 17h, nous sommes tout de même sortis avec Alain sur le néo, histoire de faire une 1ère nav. J’ai déjà navigué avec Alain lors de l’entraînement à Port Camargue en avril 2011. Il m’a fait rappeler et prendre conscience de sa façon de naviguer. Le principe est de prendre un cap avec la barre puis la positionner au milieu et ensuite de chercher l’équilibre du bateau en réglant la grand voile et le foc. Cette manière de procéder laisse une certaine liberté au bateau et fait travailler les sensations des bons réglages. Nous avons fait 2, 3 envois de spinacker pour l’entraînement. Pour l’affalement du spinacker, celui-ci étant du même côté que la grand voile, il vient se plaquer contre elle par aspiration, ce qui est plus simple pour le récupérer et le mettre dans le bateau. Il suffit de rassembler tout le bas du spinnaker (entre les écoutes et l’amure) et de le ramasser dans le bateau au fur et à mesure que la drisse est lâchée. Puis nous sommes rentrés pour nous retrouver autour d’une bonne bière à regarder les anglais s’éclater sur l’eau. Tout les jeudi soir, ils organisent une régate de nuit (début de soirée en fait) tout support confondu avec des départs différés. Je trouve l’idée bien sympa. On l’aurait su à l’avance, on aurait été présent sur la ligne départ. La journée s’est achevée par un resto italien à l’anglaise.

Vendredi 20 juillet 2012, suivant le programme de l’événement, une session d’entraînement est prévu pour aujourd’hui. J’ai débuté cette journée par un double briefing sur les règles de course principalement. J’ai commencé les yeux grands ouverts, bouche bée, devant les explications de l’animateur, son ventilateur simulant le vent, et les échanges avec les navigateurs. J’ai fini au fond de mon siège, les bras croisés, la tête penchée vers le bas bercé par le doux discourt de l’animateur. Après cette petite sieste matinale, nous avons gréé les bateaux. Nous sommes sortis en début d’après-midi sous des nuages bien gris, inquiétant même. Bingo !!, à peine sur l’eau, on s’est pris une bonne averse histoire de corser la session. Nous avons couru 3 manches avec les acces, les challengers et les skuds, sous la flotte. Pour chaque manche, 2 départs différés, un pour les acces et les challengers et un autre pour les skud et les neo495.  Comme nous n’avions pas compris le parcours d’entraînement, la 1ère manche fut difficile. Sur les manches suivantes, les choses se sont mieux passées en mode poursuite des skuds. Dès que les conditions ont forcies, l’affalement du spinacker est devenu délicat. Cette session était sport comme j’aime, et bien humide. Nous sommes rentrés et avons dégréé le bateau. De ce fait j’ai malheureusement raté une bonne partie du briefing de retour d’entraînement (Zut alors !!). Cette journée s’est poursuivie au cottage par un bon barbecue dans la convivialité et sous un ciel bleu.

Samedi 21 juillet 2012, 1er jour de compétition de l’événement RYA. Nous sommes arrivés sur les coups de 9h à la base nautique sous un beau soleil. La veille pendant le briefing, j’avais réussi à capter au moins une information, les pronostics du site de Windguru. Sur le site, c’était la 1ère fois que je voyais 0 nœuds (à 14h) sur la ligne indiquant la vitesse vent. J’avais des doutes sur la possibilité de naviguer mais on allait bien réussir à rebondir de petites risées en petites risées. Nous avons gréé le bateau puis suivi un court briefing pour partir après le lunch. Sur l’eau, en attendant l’annonce des départs, nous avons tourné autour du bateau comité (difficilement en raison d’un vent calme). Au niveau de la technique, pendant nos ronds dans l’eau, j’ai quand même pu bien visualiser et ressentir l’action d’ouverture ou de fermeture de la chute de grand voile par le biais du hale bas (Merci les petites risées de passage).  La compréhension du rôle du hale bas s’éclaircie de nav en nav. Au bout d’un moment, le comité de course a décidé d’annuler les manches. Nous avons donc repris le cap sur la base nautique tant bien que mal. Un bateau sécu avec des hommes à l’allure de GI Joes sont venus nous donner un coup de main pour rentrer au club. Cette journée où la nav est tombé à l’eau s’est terminée par un « Saturday regatta dinner » avec les équipages et toutes les personnes qui veillaient au bon déroulement de cet événement. J’ai bien tenté d’échanger en anglais avec mes voisins de table, mais les conversations sont restées très superficielles. J’ai quand même réussi avec succès à demander du rabe d’apple pie à la jolie serveuse. Quand je veux…

Dimanche 22 juillet 2012, à  la base nautique sur le coup de 9h sous un beau ciel bleu anglais. Le bateau était déjà gréé, Alain était passé par là. Nous avons eu le droit à un nouveau briefing avant d’aller sur l’eau, mais j’ai complètement décroché. Content de retrouver la sensation d’une bonne petite brise sur le visage par rapport à la veille, je suis parti en simple pantalon sur l’eau*. Pendant l’attente des départs différés nous avons choisi notre stratégie de départ et couru gentiment après les skuds . Le vent s’est mis à forcir, ça commençait à moutonner sur l’eau. Nous n’avons pas pris de ris dans la grand voile bien que la gite commençait déjà à être sévère. Et PAM !! 1ère départ pour les skuds, PAM !! 2nd départ pour les challengers. Le 3ème départ était pour nous et d’autres voiliers. On s’est faufilé dans la flotte de bateau pour faire un beau départ tribord amure. L’allure de près devenait de moins en moins confortable. Devant mettre une quantité d’ énergie importante à me maintenir dans le bateau, j’avais vraiment beaucoup de mal à gérer rien que le foc . Dans ces conditions de vent, il faut lâcher un peu de foc à la fin des virements de bord pour limiter la gite (qui fait dériver du bateau) dans la reprise de vitesse. Je ne parle même pas de la grand voile, Alain l’avais prise en charge. Pendant ces remontées au vent, j’ai bien ressenti et compris les termes « le vent adonne », « le vent refuse ». Quand ça refuse, c’est que le vent tourne vers l’avant du bateau et qu’il serait bon de virer. Le bateau ralentit et fait moins de cap. Quand ça adonne, c’est que le vent tourne vers l’arrière du bateau (le coté plutôt). Le bateau accélère et fait plus de cap. Bref… Arrivés à la bouée au vent, il m’a fallu me tenir prêt pour envoyer le spi, vérifier si les bouts étaient libres, si le spi allait partir proprement. Pas le temps de douter, HOP !! la drisse, l’amure, les écoutes, envoie du spi. BAM!! 8.1 nœuds annonçaient au compteur, une fusée sur l’eau. Personnellement je ne sais pas trop comment on est arrivé à faire un plein cul en tenant l’allure, sans partir au tas mais on l’a fait. Les choses se sont compliquées au passage de la bouée sous le vent. Malgré ma volonté d’appliquer la technique apprise, sur 2 ou même 3 passages de cette bouée, je n’ai pas réussi à gérer l’affalement du spi et il partait en filet de pêche ce qui ralentissait considérablement le bateau et nous faisait perdre les places gagnées. Par la suite, à l’allure de près, certaines rafales de vent ont joué de notre inattention. On a réussi à bien remplir le bateau. Une simple petite baignoire remplie presque à mi-hauteur et un bateau bien lesté, que du bonheur (*). C’est toujours à ces moments là que tu n’as pas l’écope qui va bien. Alain s’est carrément servi du sac du spi pour écoper le bateau. Sur les manches concourues j’ai un peu perdu la notion de qui était devant qui. Je ne vous fais pas part de la tension qui régnait sur le bateau, un petit côté électrique surprenant. Après la 3ème manche concourue, nous avons pris cap sur le club pensant que c’était la dernière.  Etant trempé jusqu’aux os et frigorifié, cela me convenait très bien. Bizarrement les autres restaient sur place et nous avons vu le 1er drapeau de départ se lever. POPOP garçon, ce n’était pas fini. Nous avons fait demi-tour pour en remettre une et c’était reparti. Cette dernière manche s’est déroulée de la même manière que les précédentes, bien sport. Nous sommes rentrés au club. Dans un premier temps, j’ai essayé de sécher. Les bateaux ont été dégréés et sorti de l’eau pour les remettre sur les remorques. Nous avons assisté à la remise des prix, devant une portion de chips (frites) pour ma part. Finalement les classements se sont faits par type de bateau. Nous avons fini 2nd sur les 3 neos. Il aurait été intéressant qu’il y ait un classement général au moins pour l’ensemble des bateaux étant sur le même départ que les neos. Les bateaux ficelés sur la remorque, Nous avons repris la route pour la France sur les coups de 17h. J’ai fait une partie de mon retour avec l’équipe suisse. Nous sommes arrivés à Douvres vers minuit pour reprendre le ferry dans l’autre sens.

Lundi 23 juillet 2012, après une traversée en ferry, j’ai été déposé à la gare de Calais au alentour de 3h30 du matin. Le prochain train pour Paris était annoncé à 6h17. J’ai eu le temps de flâner à Calais, devant la cathédrale à regarder le soleil se lever. J’ai réussi à glisser dans mon planning une petite halte chez mes parents pour le lunch. Ça fait plaisir. J’ai poursuivi ma route en train, cap sur Marseille.

J’ai encore vécu une belle aventure autour de la navigation. Cette fois-ci, encore plus que les autres, j’ai appris, du fait d’avoir navigué avec Alain dans des conditions assez costaud. Principalement je souhaiterais approfondir cette manière de naviguer. C’est-à-dire, prendre un cap avec la barre puis la caler au milieu et jouer avec le réglage des voiles. Le but étant de laisser le bateau se caler sur son rail, ressentir l’équilibre du bateau. Cependant cette façon de naviguer remet en cause ma vision de la répartition des rôles sur le bateau. Finalement le barreur (si on laisse la barre fixe) peut aussi participer aux réglages des voiles. Encore une fois, pour une bonne harmonie sur le bateau, il faudrait un équipage fixe. Je souhaiterais aussi travailler les termes « le vent adonne », « le vent refuse ». J’ai apprécié d’avoir un appareil à bord nous donnant la vitesse du bateau (et le cap). Ces informations renforcent la conviction de la nécessité d’un bon réglage et de la nécessité de savoir l’affiner (en entraînement). En ce qui concerne le spi, il va me falloir encore beaucoup d’entraînement pour gérer son affalement. Ce n’est pas admissible qu’il m’échappe comme cela s’est passé lors du séjour. Au vu de l’énergie mise pour me maintenir sur le bateau, je pense qu’une réflexion sur l’assise dans le bateau est à envisager. Du point de vue matériel, le système mis en place pour étarquer le guindant du foc me parait intéressant. Encore un paramètre à rajouter dans le réglage des voiles après les écoutes de voiles, le hale bas, le cunningham, la bordure de grand voile. Pour le mot de la fin je dirais simplement « entraînement », il faut que je m’entraîne.

Ce séjour en Angleterre fut pour moi une belle aventure, plongé dans la langue et l’organisation anglaise avec la famille INZELRAC et l’équipe suisse comme bouée de secours. Je pense avoir néanmoins gardé une certaine autonomie même avec la barrière de la langue. Je suis resté admiratif face à l’aide humaine mis en place. Cela reflète un bel esprit de solidarité. Cependant je ne suis pas habitué à voir autant d’assistance. Personnellement je préfère faire le maximum de choses par moi-même, c’est ça qui fait plaisir. Selon l’autonomie des personnes, il me parait important d’optimiser leur contribution à l’ensemble de l’activité. Tout ça reste mon opinion sur le sujet de l’assistance.

Pour conclure, ce séjour était très enrichissant.

Merci à la class Neo495 pour m’avoir permis de vivre cette aventure.

Vincent