Vincent en neo495 au Championnat de France VLQI 2014

Communication Classe

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Bonjour,

Etant licencié par le biais de l’association Voiles au Large, je vous fais part du bilan de ma première aventure de l’année 2014 à bord du Neo495.

Pour ce début de saison, j’ai décidé de renouveler ma participation au championnat de France promotion intersérie quillard de sport. Comme l’année dernière, ce championnat organisé par le CDV de Savoie, la FFV et le club nautique d’Aix les Bains, se déroulait sur le lac du Bourget.

Pour la première fois, j’ai joué la carte de l’autonomie en remorquant moi-même le Neo jusqu’à Aix les Bains. Après 5h de route et d’apprentissage nous sommes arrivés vers 22h au camping du Sierroz (Mardi 13 mai).

Un peu maso le type, je remettais l’option camping au programme. Au final c’était cool.

L’équipe de choc de cette année était composée de Kevin, d’Alain, d’Éric et de moi-même. Kevin et Alain naviguaient sur le Vaillant avec un chouette petit cœur, (la classe !), représentant l’Association Beaucaire de Voile. Éric et moi-même embarquions à bord du Néo Frioul avec 2 fanions au voilier, la Base Nautiques des Mascareignes à tribord et l’association Voiles au Large à bâbord. La Réunion, Marseille et 2 bretons sur un bateau.

Le lendemain, mise à l’eau des 2 Neos puis préparation des gréements. Dans l’après-midi, le vent s’est levé. Nous avons décidé de faire une première navigation. Plus nous nous rapprochions de la sortie du port, plus le ciel était inquiétant. Au loin, une masse blanche faisait disparaitre les montagnes sur son passage. Ça venait vers nous et ce n’était pas bon signe. Stoppés sur le dernier ponton, nous avons pris une bonne averse sur le coin du nez. Après avoir sécurisé les voiliers, nous nous sommes retrouvés dos à la pluie à se dire « Mais oui, ça va passer ! ». C’est passé. Après ce faux départ, nous avons malgré tout rejoint le plan d’eau. Ce n’est pas une petite averse qui allait nous arrêter, trempés les bonhommes. Nous avons profité de cette session pour une mise au point des réglages du bateau et une reconnaissance des lieux. Les conditions sur le lac du Bourget n’avaient pas changé ou si. Les nuages et la pluie avaient laissé place au soleil, le vent était retombé. Nous avions retrouvé le petit temps du lac du Bourget et sommes partis à la chasse aux risées.

Le jour suivant, Le championnat commençait pour 4 jours de compétition. 22 quillards de sport sur la ligne de départ. 2 Speed Feet 18,1 Class 2M, 7 Tempest, 3 Star, 1 Aile, 2 Vent d’Ouest, 2 Open 570, 1 RSK6, et certains régatiers qu’on avait déjà rencontrés l’année précédente. Une ambiance sympa régnait sur le plan d’eau, après, la régate c’est du sérieux, on ne se fait pas de cadeaux.

7 manches ont été lancées durant ces 4 jours avec des longs moments à attendre que le vent veuille bien être de la partie et se stabiliser un minimum. Durant les manches, en fait, on joue à cache-cache avec lui et il est fort à ce jeu-là. Les risées sont des feintes du vent, le temps d’arriver dessus et pouf ! Plus rien. Les choix stratégiques en deviennent difficiles et font appel à la méthode de la roulette russe quand on ne connait pas. Je n’connais pas. Une fois l’option prise, il faut exploiter le moindre courant d’air caressant les voiles. Coûte que coûte il faut avancer quitte à faire moins de cap sans perdre en tête l’objectif, les bouées jaunes. Du coup il faut être hyper concentré car la moindre erreur de réglages te fait perdre automatiquement de la vitesse et la moindre erreur d’attention ne t’en fait pas gagner. La finesse est de rigueur. Il est passé par là, il repassera par là, nous devions avoir les yeux partout pour repérer où le vent se cachait. Nous ne savions jamais à l’avance sous combien d’allures différentes nous atteindrions la bouée jaune. Peu importe, tant qu’on avance.

Première navigation avec Éric, mon équipier de cette aventure. Il est cool Éric. Il a navigué 6 ans sur le Neo, à la Réunion, il le connait bien le bateau. Les rôles ont vite été répartis, il prend les voiles en main, je me place au poste de barreur. Et sans entrainement, nous voilà plongés dans le feu de l’action. On tente rapidement de se mettre d’accord sur des stratégies, des choix de remontée au vent et de redescente sous le vent. Mais dès que la procédure de départ est lancée, tout se joue à chaque instant. 22 quillards tournant autour du bateau comité, il faut chercher sa place et être tout le temps en mouvement pour rester manœuvrable. « Fais marcher ton bateau ! » me répétait Éric. Une fois de plus j’ai pris des cours de voiles mais j’avais changé d’école.

Des chouettes départs qu’on a faits. Toujours dans le coup à essayer de se faufiler dans la flotte et être au plus près de la ligne au top départ.

La première chose à faire après le passage de la ligne de départ, était de se dégager de la fumée des autres bateaux. Et c’était parti pour la remontée au vent. Des bords où il fallait rester concentré sur les réglages du bateau, essayer au maximum de faire du cap mais tout en gardant de la vitesse. Creuser les voiles pour exploiter la brise légère. Un œil sur mon cap, l’autre sur les penons hauts du foc, j’essayais de ressentir l’appui de mon bateau. Anticiper les variations du vent pour ne pas perdre de vitesse, profiter quand le vent adonne. Pas toujours dans le vrai, Eric ne manquait pas de me le faire savoir. Ces questions qui revenaient. On vire ? On ne vire pas ? Le tout était de ne pas trop s’écarter de l’objectif, mais cette petite brise qui nous faisait progresser sur l’eau, nous séduisait. Des choix stratégiques difficiles dans le petit temps. Ça refuse, faut virer !!

Les virements de bord dans le petit temps ! Là aussi, je me faisais vilipender, normal. Il faut être souple dans la barre pour ne pas casser la vitesse du voilier. Dans le feu de l’action, je me surprenais à être trop brusque sur le gouvernail. Même si je finissais en douceur mon virement de bord, le mal était fait. Et pourtant je le savais.

Des passages de bouées au vent, des fois un peu brouillons dans l’enchainement de la manœuvre, mais correctes.

Et des redescentes sous spi, à tenter de faire le moins de distance possible. Un de mes défauts est d’être obnubilé par ce cap optimal, perturbant l’attention que je dois porter sur la progression du voilier. Conséquence, re-intervention d’Éric, me rappelant simplement « fais marcher ton bateau ! ».

S’il y avait une leçon à tirer de cette régate, c’est l’importance de la communication à bord.

En fait, il faut apprendre à dire ce qu’on fait, j’abats, je lofe ; ce qu’on ressent du bateau, bien, ardent, mou, appuyé ; ce que l’on perçoit du vent, il adonne, il refuse, il tourne. Il est où là ? Je ne suis pas très doué pas pour ça mais je me soigne. Il est essentiel de dire tout ça pour être en harmonie avec l’équipier. Éric en était demandeur. Je pense qu’on a progressé dans la communication, pas toujours très calme les échanges, mais échanges quand même. Les répétitions, moi ça me chauffe à un moment. C’est comme ça, j’ai un sale caractère. Faut dire que là, on avait 2 bretons à bord, assez têtus,.. des vrais bretons. Du coup on s’est un peu pourri, mais gentiment. Les conditions de petit air n’aidaient en rien à la zenitude à bord. Ce qui se dit à bord reste sur le bateau. Par contre, avec le recul, j’ai la sensation que nous avons bien bossé sur l’eau. Ok ! 17 sur 22 ce n’est pas top, mais, au fil des jours, une meilleure communication à bord, une meilleure maîtrise du voilier, des beaux départs, des beaux bords, des belles remontées au vent, des belles redescentes,… me satisfont. Chaque matin je me levais avec cette envie de mieux faire. Tel est le long fleuve tranquille, ou pas, de mon apprentissage.

Le bateau, il n’était pas trop mal réglé. Les bas haubans relâchés pour le petit temps, laissaient de la souplesse au mât. Toujours bien hisser la grand-voile en portant l’attention sur le bon positionnement des coulisseaux. A la chasse aux moindre plis pour que le vent s’écoule sans obstacle. La drisse de foc, pas trop blindée pour ma part. Mouiller le rail de l’écoute de foc pour que le chariot glisse bien. Sur l’eau, le foc était bordé à la limite du faseyement passé. Ça flottait un peu en haut de voile mais faut bien que la voile respire. Avec le petit air, le chariot n’allait pas au bout du rail. On aurait dû monter le système poulie/garcettes pour tirer le chariot au bout et optimiser l’écoulement de l’air. Chercher à donner du creux dans la grand-voile, relâcher de la bordure, border un peu de hale-bas, choquer le cunningham, une vraie recette de cuisine. Je ne suis pas chef cuisto en navigation mais j’aime cette cuisine.

Avec les autres voiliers, il était dur de rester à leur hauteur. Les choix stratégiques en étaient une cause, il faut le connaitre ce lac. Malgré notre acharnement à gérer au mieux notre progression sur le plan d’eau, l’écart se formait. Le fait de savoir qu’il y a le rating n’est pas spécialement réconfortant mais c’est ça de gagné. L’objectif revient finalement à conserver l’écart le plus faible possible pour être classé. Pendant toute la manche, nous tentions d’évaluer le temps qui nous séparait des autres voiliers.  Parfois sur la dernière redescente, les voiliers n’étaient pas si loin. Et là, pétole !! Comme si le vent était réservé pour 45 min. Des situations à devenir fou.

Quand tu vois la taille de la grand-voile du Star, ou les spinackers de chacun, tu te dis que le challenge est à la hauteur de nos ambitions. Au final ça en devient motivant. Du coup on a tout donné jusqu’au bout.

Encore une chouette aventure sur le lac du Bourget, plongé dans l’univers de la voile. On pourrait dire que ces conditions de navigation étaient vraiment pourries. Mais finalement ce petit temps instable demande d’aller chercher toujours plus loin dans l’écoute des éléments, le ressenti, l’attention, de travailler au maximum ses sens, de connaître son bateau sur le bout des doigts, d’être en harmonie avec son équipier,…

Un grand merci à Éric, mon équipier, mon partenaire sur ce championnat. Une fois de plus je pense avoir beaucoup appris de cette navigation.

Je remercie tous ceux qui m’ont permis de vivre cette aventure.

Vincent LE TEXIER